S’ouvrir à la vie
S’ouvrir à la vie — Sur la grâce, l’amour et la vitalité
Il y a environ un mois, je suis sorti dans mon jardin et je me suis trouvé devant un spectacle qui m’a profondément ému. Mon arupo — cet arbre qui m’accompagne depuis mon enfance — était en pleine floraison, couvert de centaines de fleurs roses qui semblaient s’embraser sous le ciel bleu intense de Quito. Cette vision m’a rempli d’une joie difficile à décrire. À cet instant est née la question qui nous réunit aujourd’hui : que se passerait-il si les êtres humains pouvaient s’épanouir avec la même spontanéité, la même naturalité, la même force et la même cohérence que ce précieux arupo ? Peut-être certains d’entre vous l’ont-ils déjà vu aujourd’hui, dans mon jardin.
Je me demande qui nous serions, nous autres êtres humains, si nous pouvions nous ouvrir à la vie en suivant notre propre cycle intérieur, sans rien forcer, sans masque, en laissant la beauté et la vérité jaillir de nous comme les fleurs de l’arupo, obéissant à une nature profonde qui n’a besoin ni d’approbation ni de permission pour s’exprimer.
Je parle d’une vitalité et d’une cohérence qui engagent l’être tout entier. Le philosophe espagnol Miguel de Unamuno disait : « Il y a des personnes, en effet, qui semblent ne penser qu’avec le cerveau — ou avec l’organe qui lui est propre — tandis que d’autres pensent avec tout leur corps et toute leur âme, avec le sang, avec la moelle des os, avec le cœur, avec les poumons, avec le ventre, avec la vie. »
Je ne parle pas d’une vie dans un état permanent de grâce — de cette eudaimonia dont parlaient les anciens Grecs, cette vie à la fois pleine et juste. Je parle d’un état impermanent, mais non moins essentiel, d’harmonie avec le cosmos, d’acceptation totale de la vie. Ce que Jung appelait la synchronicité : cet alignement mystérieux entre le monde intérieur et le monde extérieur — le plaisir précieux d’être vivant en résonance avec tous les êtres.
Cet état absolu de joie n’est ni abstrait ni solitaire ; il naît de l’expérience d’être relié à quelque chose de beaucoup plus vaste que nous : à la nature, à l’ordre universel, au mystère, à Dieu — ou à quel que nom nous donnions à ce qui nous dépasse. Quand nous levons les yeux vers un ciel nocturne constellé d’étoiles, le silence s’impose. Que pourrions-nous dire devant un tel mystère ? Quelles paroles pourraient expliquer ce qui dépasse notre capacité à raconter ou à comprendre ?
Voilà le grand paradoxe de la grâce : ce qui nous conduit vers elle, c’est le silence, le vide, l’état de présence et d’émerveillement. La culture et la philosophie sont, dans leur essence, les cartes qui nous permettent de naviguer dans l’expérience humaine — la douleur, la mort, l’amour. Sans une culture vivante et une communauté qui l’incarne, nous manquerions des outils symboliques et pratiques pour affronter les grandes épreuves et possibilités de la vie. Même la joie la plus pure, le plaisir le plus intense, vécus dans l’isolement, se videraient de sens.
La véritable vitalité ne naît pas de l’isolement, mais de la connexion profonde : connexion avec le cosmos et ses mystères, avec la terre que nous habitons, mais aussi avec les êtres qui nous entourent, avec la communauté qui nous soutient, avec ceux que nous aimons et qui nous aiment. C’est pourquoi la philosophie ne doit pas être vue comme un exercice intellectuel distant, mais comme une guide vivante, incarnée, capable de transformer notre existence. Elle est notre boussole, la lumière tranquille qui nous oriente. Prendre la philosophie pour alliée, c’est lui permettre d’éclairer nos chemins, non comme une lumière extérieure, mais comme un feu qui brûle au-dedans et nous conduit à nous épanouir dans la plénitude de notre propre nature.
Carl Sagan — que je considère comme l’un des grands philosophes du XXe siècle — a popularisé l’astronomie et nous a rapprochés de l’immensité du cosmos. Dans sa célèbre série télévisée, il a écrit une dédicace inoubliable à son épouse Annie Druyan : « Dans l’immensité de l’espace et la vastitude du temps, c’est ma joie de partager une planète et une époque avec Annie. » C’est une reconnaissance de la vie comme un miracle — non au sens religieux, mais au sens scientifique et statistique.
J’ai écrit ce poème il y a quelques années :
C’est ainsi,
tu as attendu
des siècles pour ta peau.
Pour que tu existes,
ton ADN a voyagé
des millénaires —
mille fois mille ans —
il s’est construit,
reconstruit,
égaré
dans les dédales
de l’évolution,
du désir,
jusqu’à parvenir, haletant,
à la rencontre de deux amants :
tes parents,
tes grands-parents,
tes arrière-grands-parents…
jusqu’à cette soupe primordiale
où la vie devint vie.
Le témoignage presque infini
des rencontres qui t’ont engendré.
Et oui… il est arrivé.
Pas un jour de retard,
ni une heure,
ni une seconde,
pas même un microseconde.
Les instructions amoureuses
de tous tes ancêtres
te sont parvenues,
elles t’ont été accordées.
En elles repose
l’architecture précise de ton corps,
et celle, secrète,
de tes émotions ancestrales.
Chacune de ces rencontres — parfois recherchées, parfois fortuites, parfois violentes, parfois pleines d’amour — était nécessaire.
Le miracle statistique qui nous réunit aujourd’hui, parlant de l’esprit, de la plénitude et de la vitalité, est si profond qu’il échappe presque à notre entendement.
Mais au-delà de l’histoire de nos ancêtres, il a aussi fallu que nous coïncidions dans l’immensité de l’espace et la vastitude du temps.
Carl Sagan disait quelque chose d’une beauté immense : notre conscience est l’une des façons qu’a l’univers de se connaître lui-même. Il y a sans doute d’innombrables autres formes de conscience, inimaginables pour notre cognition limitée et notre existence éphémère, mais nous sommes l’une d’elles — précieuse et irremplaçable.
Nous faisons partie d’un univers où tout est relié, à des niveaux infiniment petits et cosmiques, un univers où les distances parfois cessent d’avoir de l’importance, où l’intrication quantique défie nos notions de séparation. Nous appartenons à une planète vivante où chaque être remplit une fonction précise. Comme le disait Lynn Margulis, grande biologiste de l’évolution, tous les êtres de cette planète ont évolué ensemble : il n’y a pas eu de “premiers arrivés”. Nous partageons tous le même temps évolutif et occupons chacun notre place dans cette puissante chaîne de la vie.
Notre conscience n’est pas seulement un état personnel : elle est le reflet de l’univers qui, à travers nous, s’interroge, s’émerveille et se reconnaît.
Il y a peu, un ami me disait : « Je ne suis pas philosophe, ce titre est trop grand pour moi. » Il se trompait complètement. Nous avons tous la possibilité d’être philosophes, car la philosophie ne naît pas uniquement des écrits des penseurs, mais de l’expérience même de vivre. La source première de la philosophie, c’est la vie elle-même — cette expérience vécue, douloureuse, joyeuse, intense — les vallées et les sommets que nous traversons.
Aujourd’hui, il est à la mode de “manifester” ses désirs pour qu’ils deviennent réalité. Mais le désir est toujours une forme de limite : qui peut vraiment savoir ce que l’univers lui réserve ? Ce que nous manifestons n’est souvent que la projection de nos peurs et de nos frontières.
Il existe un chemin spirituel plus profond : la confiance. C’est cette confiance qui s’exprime avec une beauté si simple dans la prière au cœur du christianisme, le Notre Père : « Seigneur, que ta volonté soit faite, et non la mienne. » Autrement dit : je ne sais pas ce qui est le mieux pour moi. Je fais confiance.
Cette attitude fait écho à l’amor fati des stoïciens et de Nietzsche : aimer son destin, aimer ce que l’on a été, ce que l’on est et ce que l’on sera, comme une attitude vitale. Il ne s’agit pas de justifier ni de rester immobile devant les grands événements de la vie, mais de s’approprier pleinement l’expérience vécue et de la transformer en espérance et en certitude. L’Übermensch — souvent mal traduit par “surhomme” — n’est pas un être supérieur, mais un être libéré du ressentiment et de la peur : l’être humain qui a confiance, capable de s’ouvrir à la vie.
La grammaire de l’amour
Les anciens Grecs avaient une clarté absolue : les deux grandes forces qui façonnent le monde spirituel de l’être humain sont l’amour et la mort — Éros et Thanatos. Sans amour, sans lien, la vie perd son sens. Nous ne sommes pas des îles : nous avons besoin de l’autre comme miroir, comme possibilité. Chaque être humain, chaque créature vivante incarne une perspective unique et irrépétible sur l’existence.
Et pourtant, nous sommes profondément ignorants en matière d’amour. Rares sont ceux qui en parlent avec la clarté qu’il mérite. L’amour est avant tout dialogue : une ouverture radicale vers l’autre, un émerveillement profond devant l’immensité de son être.
De nos jours, l’amour se réduit souvent à une sexualité performative, pleine d’exigences, d’obligations et de peurs. Nous entrons dans l’espace le plus fragile et le plus sacré avec des bottes couvertes de boue. Au lieu de bâtir ensemble, à travers la sexualité, un langage d’écoute attentive et de célébration joyeuse de l’autre, nous jouons au tir à la corde du pouvoir et de la négociation, obsédés par l’idée d’extraire de l’autre tout le plaisir possible ou d’apaiser anxieusement nos blessures, nos peurs et nos abandons.
Nous cherchons l’orgasme comme un Graal — ce moment où l’esprit agité s’arrête enfin, où nous lâchons prise et nous abandonnons au mystère. Et malgré le peu de soin avec lequel nous y arrivons, chaque sommet reste une expérience transformatrice.
La sexualité s’est réduite à une extraction mutuelle de plaisir, au lieu d’un acte partagé de sens, de tendresse et de communion. Nous nous efforçons d’atteindre le sommet du plaisir plutôt que d’embrasser le miracle de la rencontre avec un autre être précieux et conscient dans l’immensité du cosmos et la vastitude du temps.
Cette vérité devient tangible lorsque nous pensons à une mère berçant son enfant nouveau-né. Elle sait qu’il est parfait, qu’elle ne peut rien lui demander ni exiger, sinon le miracle précieux d’être. Un amant qui reconnaît dans l’être aimé la perfection du cosmos, et qui se voit lui-même en lui, découvre la puissance et la créativité du dialogue — cette conversation vivante qui donne forme et sens à l’existence.
Dans le monde andin existe le concept d’ayni — la réciprocité. Sans réciprocité, aucun dialogue n’est possible. Imaginez une mère ou un père qui souffrent des choix de leur enfant, et ne l’aiment vraiment que lorsqu’il répond à leurs attentes ou à leurs désirs. En refusant l’amour inconditionnel, ils enseignent une grammaire de l’amour où l’enfant — puis l’adolescent, puis l’adulte — devient un mendiant d’affection. Des êtres qui passeront leur vie à chercher quelqu’un qui, cette fois, les aimera sans conditions : non pour ce qu’ils font ou possèdent, mais pour ce qu’ils sont.
Dans les années 1970, la psychologue Dorothy Tennov a forgé un terme fascinant : limerence. Ce que nous avons longtemps appelé folie d’amour, amour romantique ou amour platonique, n’est pas réellement l’amour : c’est une obsession, une maladie de l’esprit. La limerence décrit un état où l’esprit se fixe sur un autre, répétant les mêmes pensées, espérant que cet autre nous offrira enfin ce que nous désirons le plus : l’amour inconditionnel.
Mais l’amour, pour en être vraiment, doit reconnaître le miracle et la dignité de l’autre — la profonde liberté de son être. Il doit être dialogue, ayni, réciprocité. L’amour mûr et conscient n’est pas un amour de besoin, mais un amour de vitalité et d’expansion ; il ne cherche pas à se compléter à travers l’autre, mais à croître à ses côtés.
Les anciens disaient une phrase pleine de sagesse : « Aime celui qui t’aime ; ne force pas celui qui ne t’aime pas. » Pourtant, dans nos familles et nos sociétés, on nous a appris une grammaire de l’amour centrée sur le « moi, moi, moi » : moi qui ai besoin, moi qui veux être aimé, moi qui cherche cette personne qui transformera mon existence et me donnera la plénitude que je n’ai pas trouvée en moi-même.
Au lieu de nous reconnaître comme des enfants dignes du cosmos — précieux miracle statistique —, capables d’un dialogue qui engage tout notre être, nous approchons ceux que nous aimons comme s’ils étaient des solutions magiques pour combler notre vide et notre solitude.
La limerence est, en essence, un état de mendicité émotionnelle, de besoin — le contraire de la plénitude. En elle, nous formons des relations obsessionnelles, exigeant que l’autre se plie à notre volonté ou rêvant qu’un jour il apprendra, par lui-même, à célébrer la merveille que nous sommes vraiment. C’est une relation boiteuse, où l’un « aime plus » que l’autre, où il n’existe ni vrai dialogue ni pleine reconnaissance de la dignité et de la liberté de l’autre.
Le même schéma se retrouve dans certains liens familiaux : une mère qui passe des nuits entières à se tourmenter des “mauvaises” décisions de son enfant, qui aime jusqu’à l’étouffer ; un père qui veut choisir pour lui le destin parfait — un destin d’abondance matérielle mais de pauvreté émotionnelle. Ces parents perpétuent une longue chaîne d’attachements limerents, enseignant un amour conditionnel qui trahit la liberté et l’authenticité de l’autre.
La psychiatrie, la psychologie, la psychanalyse, la psychothérapie et la philosophie ont beaucoup à offrir pour guérir cette maladie qu’est la limerence. Car la limerence ne se limite pas aux personnes : elle peut se diriger vers les choses, vers les objets, vers des relations sans contenu, sans sens, sans conscience. Nous nous accrochons à des êtres que nous avons transformés en choses, espérant qu’ils viendront miraculeusement résoudre le vide de sens en nous.
La vérité, c’est que nous avons tous, d’une manière ou d’une autre, appris à aimer de façon conditionnelle. La limerence est la maladie de notre temps : l’absence de réciprocité, une grammaire de l’amour incomplète où nous glorifions le moi en manque ou le toi supposément parfait et inatteignable, au lieu de cultiver le fragile, le tremblant “nous” qui s’approche de l’autre avec curiosité et gratitude — pour le miracle qu’il est.
Autrefois, les sorcières et les sorciers étaient représentés auprès d’un chaudron. Le chaudron est l’endroit où l’on remue sans cesse la pensée obsessionnelle — l’obsession déchaînée, l’absence de silence, la perte d’émerveillement devant la perfection de la vie et du cosmos. C’est le contraire du Notre Père, de cette confiance absolue en le destin. C’est la manifestation du désir.
Voyez comme l’acte de désirer est, en soi, une expression de pauvreté. Chaque fois que je désire — cette personne, cette chose — et que je cherche à la manifester, je deviens plus pauvre, plus limerent, plus obsédé, plus vide.
Je vous parle de quelque chose d’intime, de quelque chose qui m’est arrivé. Il y a deux ans, j’étais gris, épuisé, séparé de mon propre être : limerent, plein de désirs inassouvis, à moitié créatif, appauvri, mendiant d’amour — et, pire encore, entouré d’autres âmes limerentes. J’avais oublié le miracle de vivre, le simple et profond plaisir de respirer.
Et, chose étrange, dans ce moment de plus grande tristesse et d’obscurité, c’est la joie qui a percé le chaudron de l’esprit obsessionnel. La joie arrive toujours accompagnée de présence et de gratitude. Quand la joie est revenue dans ma vie — par un étrange hasard —, j’ai rappelé qui j’étais. Je me suis reconnecté à mon âme. Puis vint la clarté, pour me rappeler que je n’étais pas fou, que ce que je voyais était vrai. Ensuite, le courage : le courage de prendre l’épée et de trancher les fils, les toiles, les peurs.
Ce fut un processus d’une profonde beauté. J’ai retrouvé le jeune homme que j’étais : amoureux de la vie. Et je vous partage cela non par vanité, ni comme un monument à l’ego, mais pour une raison simple : parce qu’il est nécessaire, indispensable, d’enseigner à nos enfants, à nos jeunes et à nos adultes la grammaire de l’amour.
La souveraineté de l’âme
Il y a des moments dans la vie où nous devons demander de l’aide : à d’autres, à la religion, à la foi, à la spiritualité, aux rites. Toutes ces aides sont précieuses.
Mais, en dernière instance, le chemin vers la plénitude et la reconnexion avec soi-même passe par la récupération de la souveraineté de l’âme — par le silence profond et véritable.
Personne ni rien ne peut interférer avec cette souveraineté : ni nos pensées, ni les désirs inassouvis de nos parents, ni l’esprit envieux ou déchaîné, ni l’amour limerent de ceux qui croient nous aimer, ni cette folle du logis, ce monologue intérieur que nous confondons avec la conscience.
Pour que l’âme puisse s’épanouir, elle doit être propre et nue : libre de tout discours, de toute narration, simple, sans ornement.
Nous devons réapprendre le langage de l’amour et nous souvenir que, par les mots, nous bénissons et nous maudissons, nous traçons le destin des autres.
Les mots — et les pensées qu’ils portent — sont puissants.
Il est facile de reconnaître la lumière : elle réside dans l’épanouissement, dans la liberté, dans la dignité, dans le respect de l’autonomie de l’autre, dans l’acte de bénir, de bien-dire. L’obscurité, elle, se reconnaît au désir, au contrôle.
Nous devons aussi réapprendre le langage des rites, car les rites parlent à cette dimension de notre être qui vit sous la conscience, mais qui n’en est pas moins essentielle.
Les rites, lorsqu’ils sont construits avec discipline et intention, purifient l’âme, le cœur et le corps de toute interférence. Il faut nettoyer, ouvrir les fenêtres, chasser la poussière et les toiles d’araignée, laver les peurs à l’eau et reconnaître la force transformatrice de la sagesse ancestrale.
Il est nécessaire de renouer le dialogue entre la philosophie, la psychothérapie et la spiritualité ancestrale. Nous devons nous libérer des pensées limerentes, des désirs qui nous appartiennent et de ceux qui nous ont été imposés. Nous devons cultiver le dialogue, la réciprocité.
Nous devons retrouver la dignité et la force de notre esprit nu — un esprit qui fait confiance, sans réserve, au précieux miracle de vivre ; un esprit qui sait que la vie, telle qu’elle fut, telle qu’elle est et telle qu’elle sera, est parfaite.
Ci-dessous, la conférence originale en espagnol, enregistrée lors de la rencontre Cuando el alma florece, tenue chez moi à Quito le 16 août 2025.
